Nombre de messages : 361 Age : 42 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 04/01/2007
Sujet: Demain dès l'aube Mer 2 Sep - 18:09
Au delà des qualités esthétiques du film, il faudrait ouvrir l'oeil car le journaliste semble faire une confusion entre jeu de rôle, grandeur nature et reconstitution de batailles historiques. Affaire à suivre...
Se prendre au jeu par Fernand Denis La Libre, Mis en ligne le 02/09/2009
Sur un pré qui semble respirer avec son nuage de fine brume, deux hommes se préparent à croiser le fer. Pour l’honneur des hussards ! Pour du vrai, semble-t-il ? Ce n’est pas une éblouissante chorégraphie de fines lames digne d’Errol Flynn, les deux assaillants sont plutôt besogneux, on sent à la fois leur courage et leur peur.
Séquence suivante, appartement moderne, un homme donne un cours de piano tout en jetant un regard en direction de sa femme qui révise la conjugaison avec leur garçon. Quel rapport entre les deux plans ? Magique. On se croyait au passé, on était au présent. Ce n’est pas un rêve, pas plus qu’une reconstitution d’un traumatisme ancestral se transmettant de génération en génération depuis la bataille de Wagram, mais juste deux frères dans leurs activités privilégiées. L’un est fanatique de jeux de rôles et l’autre, pianiste renommé.
Impressionnants, ces jeux de rôles, on s’y croirait, tellement la reconstitution est précise, au bouton près sur le dolman, la magnifique jaquette bleue du hussard, rythmée de brandebourgs dorés. L’autre, le grand frère, c’est Mathieu, concertiste international qui n’a laissé aucun talent à son frangin.
Les circonstances ont ramené les deux frères sous le même toit familial. Leur maman, qui doit être hospitalisée, s’inquiète de laisser son petit Paul seul à la maison et dans sa folie napoléonienne. Mathieu est d’autant plus enclin d’accéder à la demande maternelle qu’une pause ferait peut-être du bien à son couple en crise.
Rien ne peut faire davantage plaisir au petit frère que d’emmener le grand à son bivouac du week-end, que de le voir endosser l’uniforme du hussard. Gentiment perplexe, Mathieu accepte par affection fraternelle de se prêter au jeu. L’expérience ne manque pas d’insolite et le pouvoir de l’informe est saisissant, transformant les personnalités, les caractères. Dans sa vareuse galonnée, Paul n’est plus le modeste manutentionnaire, le petit frère psychologiquement fragile, mais un rayonnant soldat de l’empire, haut en couleur, volontiers bravache. Tout comme cet inquiétant chirurgien-major, furieux d’être reconnu en aide-soignant à l’hôpital, car "personne ne doit savoir qu’il est un soldat de l’empereur".
C’est que pour lui, Paul, et bien d’autres participants, l’expression "se prendre au jeu" est devenue une réalité, bien plus exaltante et moins routinière que l’autre dépourvue de ce parfum d’aventure et de grandeur. Avec une objectivité implacable, Denis Dercourt observe ce monde bien vivant existant en parallèle du réel, et si puissant qu’il arrache certains à leur terne réel.
Déjà, dans "La tourneuse de pages", Denis Dercourt s’employait à créer un univers mystérieux autour de l’assistante d’une grande pianiste. Mais d’une personnalité opaque dont le spectateur devait deviner les intentions, le réalisateur expose une sorte de schizophrénie sociale d’un groupe de personnes qui perdent le sens de la réalité et des valeurs de leur temps. Croyant venir aider son frère, étançonner leurs relations, un homme met les pieds dans ces sables mouvants et cherche un moyen de s’extraire du piège. Résultat, un thriller très original, riche d’une double tension, ancré dans l’époque où fleurissent ces groupes qui veulent vivre, manger, guerroyer comme des croisés, des soldats de l’empereur, des légions de Darth Vador. Et comme dans le précédent, Denis Dercourt a du mal à conclure.
Il n’en a aucun pour diriger ses acteurs, tous épatants. On se souvient de Deborah François, glacée comme une héroïne hitchcockienne dans "La Tourneuse de pages"; Jerémie Renier est aussi fébrile et fragile au XXIe siècle qu’il est épanoui et courageux au XVIIIe, préférant vivre sous Napoléon que survivre sous Sarkozy au point de basculer dans une sorte de dédoublement spatio-temporel. Tout en nuances et en intériorité, Vincent Perez surprend par l’élégance de son jeu et son épaisseur insoupçonnée. Quant à Anne Marivin, elle s’impose ici en classieuse agent d’un musicien classique avec autant de crédibilité qu’une postière des Ch’tis.
Film après film, on voit ainsi se dessiner le sillon de Denis Dercourt, celui d’un auteur à l’originalité aussi puissante que discrète, s’attachant à dévoiler l’incroyable iceberg dissimulé par des personnalités effacées.
Dernière édition par Thomas le Mer 2 Sep - 18:27, édité 2 fois
Thomas tarasque géante
Nombre de messages : 361 Age : 42 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 04/01/2007
Après avoir lu ces articles, il y a de quoi s'énerver. On se croirait revenu dans les années 90...
Petit florilège des amalgames que Demain dès l’aube a provoqués dans la presse française
« Beaucoup plus subtil lorsqu'il évoque la mort d'un proche et la volonté illusoire de rattraper le temps perdu, le cinéaste a, aussi, le mérite de poser la question de l'évasion par la fiction. Quand Demain dès l'aube décrypte la logique sectaire des jeux de rôles et les déviances flippantes de leurs participants, le cauchemar prend corps. Enfin... » Télérama
« Il n'y raconte pas sa vie, mais y évoque l'univers des « reconstitueurs » en général et des « rôlistes » en particulier, termes utilisés pour désigner de doux dingues passionnés par les guerres napoléoniennes, qui bivouaquent régulièrement en tenue d'époque. » L'Express
« Son film nous plonge parmi la communauté bizarre des jeux de rôles. Pas du tout celle des jeux vidéo, mais bel et bien celle de ces rôlistes de chair et d’os qui consacrent leurs loisirs à reconstituer des milieux, des personnages et des circonstances historiques précises, avec un luxe maniaque de détails : langue, accessoires, vérités factuelles établies. » Libération
« C’est l’histoire de deux frères. L’un est pianiste (Vincent Perez) et quitte femme et enfant pour se ressourcer chez sa mère. L’autre (Jérémie Rénier) est passionné de jeux de rôle grandeur nature. Le premier se laisse embrigader par le second dans une reconstitution d’une guerre à l’époque napoléonienne... Mais le jeu s’immisce dans la réalité. » 20minutes.fr
« Créé aux Etats-Unis à la fin des années 1960, où la trilogie du Seigneur des anneaux, de John Ronald Reuel Tolkien connaît un grand succès, le jeu de rôle est un jeu de société auquel on s'adonne autour d'une table ou "pour de vrai", et de nos jours sur Internet. Incarner un personnage, inventer des dialogues avec ses partenaires, stimuler l'imaginaire est l'enjeu de ces parties qui s'effectuent sans gagnants ni perdants, uniquement pour le plaisir de s'immerger dans un autre monde, et de simuler une façon de vivre d'autrefois, de se créer des émotions démodées. […] Cette forme de conte interactif fondé sur les relations sociales a parfois été stigmatisée, car elle peut déboucher sur des jeux de guerre violents, des dérives, des troubles psychologiques. » Le Monde
Dernière édition par Thomas le Mer 2 Sep - 18:30, édité 1 fois
nockjedere Level épique
Nombre de messages : 1066 Age : 49 Localisation : Liège Belgique Date d'inscription : 30/12/2006
Sujet: Re: Demain dès l'aube Mer 2 Sep - 20:45
Citation :
Depuis le 7 janvier 1999 avec la parution de l’ouvrage « Jeu de Rôle » du Chef d’Escadron de Gendarmerie Jean-Hugues Matelly, et suite à de nombreuses études sociologiques, il est communément établi que le Jeu de Rôle est une activité divertissante, structurante et socialisante pour les amateurs de ce loisir. Toutes les enquêtes sont unanimes pour nier tout danger psychologique lié au Jeu de Rôle. Il n'a jamais été, en 35 ans d'existence, jugé comme à l'origine de faits délictueux, pathologiques ou auto-destructeurs.
source:Communiqué de Presse des Fédérations Françaises de Jeu de Rôle & de Grandeur Nature Paris le 6 Août 2009
rien que ça, cela donne beaucoup de "légitimité" si je peux dire
Sorondare tarasque géante
Nombre de messages : 359 Age : 40 Date d'inscription : 15/09/2008
Sujet: Re: Demain dès l'aube Jeu 3 Sep - 10:44
Et comme le communiqué de Be Larp le souligne nettement:
Dans le film, les personnages ne sont pas amenés à jouer un rôle. Ils ne participent pas à un jeu de rôles. Ils ne sont encadrés par aucune règle précise, il n'y a pas de coup de sifflet de départ, ni de fin. Les limites du jeu ne sont pas clairement indiquées, il n'y a pas d'arbitre pour décider lors des moments conflictuels qui pourraient survenir.
Bref, ce n'est pas un jeu, vu qu'il n'y a pas de règles... On n'énonce même pas la possibilité que ce soit "un jeu sans règles". Donc bon... L'amalgame est facile au premier degré, mais c'est uniquement si on s'arrête à la vision "bête et méchante".
Fred 'Garall' Déva astral
Nombre de messages : 656 Date d'inscription : 30/12/2006
Sujet: Re: Demain dès l'aube Jeu 3 Sep - 11:28
Hé bien, moi qui pensais que le processus de diabolisation était passé... Ceci dit, c'est assez hallucinant de voir à quel point un cinéaste peut tomber dans les a priori faciles et accrocheurs, plutôt que de faire un réel travail de documentation avant d'écrire n'importe quoi.
nockjedere Level épique
Nombre de messages : 1066 Age : 49 Localisation : Liège Belgique Date d'inscription : 30/12/2006
Sujet: Re: Demain dès l'aube Jeu 3 Sep - 15:03
tous les cinéastes ne sont pas des malins
NicoChine tarasque géante
Nombre de messages : 374 Age : 49 Date d'inscription : 06/01/2007
Sujet: Re: Demain dès l'aube Jeu 3 Sep - 18:03
ARGHHHH .... JE SUIS UNE SORCIERE MAFESANTEuh ... JE VAIS VOUS JETER DES SORTS .... MON AME EST NOIREuh ... COMME LES ENFERS QUI M'ONT VU NAITREuh .... MOUAHAHAHAHAHAHAeuh ^^
Alex : j'adore ton cote rationnel ... mais je suis pas d'accord avec toi, dans l'extrait du film, les gars jouent des rôles, ils se croient dans une autre epoque ... et le "coup de sifflet" se passe des qu'ils enfilent leurs uniformes ... et les regles c'est tellement surfait ...
Maintenant c'est pas parce que deux comediens un peu connus font une merde avec un realisateur de merde qu'on va vers une nouvel inquisition, tout va dependre de l'audistion de ce ... carotte, noisette, radis ?
Sorondare tarasque géante
Nombre de messages : 359 Age : 40 Date d'inscription : 15/09/2008
Sujet: Re: Demain dès l'aube Ven 4 Sep - 13:53
De l'audition du film, mais aussi des médias qui vont en parler... Et c'est là que le pouvoir des médias est bien plus dangereux ^^.
M'enfin, d'un autre côté... On joue pour s'amuser, alors jouons ^^.
SInon.... heu... A dimanche ? ^^
PS: pour les règles, ca permet d'exposer le fiat que les joueurs de vrais GN possèdent tout de même un cadre psychologique concret pour faire frontière avec leur imaginaire, et donc encadrer correctement le risque de dérives qui est mis en avant, à tord, par les médias, et ce, même si le système de règles est très "light".